La mode, un désir qu'il faut constamment renouveler. A cause d'une Américaine, qui a fixé, malgré elle, les normes de l'idéal féminin pour quelques décennies. Cette dernière s'appellait Wallis Simpson (1896-1986), duchesse de Windsor ou la femme à régner. Elle fut l'épouse américaine du prince Édouard, duc de Windsor, anciennement roi du Royaume-Uni et empereur des Indes sous le nom d'Édouard VIII.
Ni belle, ni laide, mais plate et maigre, cette divorcée fait scandale en se mariant avec l'ex-roi d'Angleterre. Les Tabloïds s'entichent de cette femme de la haute qui se fournit chez les plus grands couturiers. «C'est le début d'une dictature du beau à la Française ". Si, à cette époque-là, tout le monde prend pour modèle la duchesse, c'est à cause d'une conception pyramidale de la beauté, où il faut à tout prix ressembler à la personnalité dominante. La mode joue sur l'éphémère, le caprice, sur un désir qu'il faut susciter constamment.
En choisissant Wallis Simpson, les media imposent au monde entier les critères esthétiques de l'élite blanche : à partir de 1945, la Yankee maigrichonne devient la référence. Car, si la mode s'invente à Paris, elle se destine surtout à la clientèle américaine. Elle est photographiée à New York. Il faudra attendre Jean-Paul Goude, génial artiste publicitaire, pour briser le stéréotype. « Dans les années 1980, il lance des femmes aux origines diverses, comme Grace Jones ou Farida Khelfa" dit Laurent Cotta.
On s'est alors rendu compte que la vision du corps féminin définie par la haute couture était ethno-centrée. Pourtant, encore aujourd'hui, l'image de Charlize Theron, blonde actrice défilant en robe longue dans la galerie des Glaces de Versailles pour une pub, reprend cet alliage de tradition française et de glamour hollywoodien, cliché absolu du beau.
On s'est alors rendu compte que la vision du corps féminin définie par la haute couture était ethno-centrée. Pourtant, encore aujourd'hui, l'image de Charlize Theron, blonde actrice défilant en robe longue dans la galerie des Glaces de Versailles pour une pub, reprend cet alliage de tradition française et de glamour hollywoodien, cliché absolu du beau.
La mode ne recherche pas l'essence de la beauté, mais pratique « l'alternance du beau et du laid». C'est surtout vrai depuis que Christian Dior, pour développer ses affaires, a entrepris, à la fin des années 1940, de démoder ses collections d'une saison à l'autre : à la ligne en A succédait celle en V, et ainsi de suite. Avant Dior, on achetait surtout un style : le classicisme de Lanvin ou la rigueur de Chanel.
Le phénomène des modes jeunes naît aux Etats-Unis à la fin des années 1930 chez les fans de jazz. Ils s'habillent en « zoot suit », parodie de costume-cravate, aux longues vestes et pantalons extra larges, surtout portée par les Noirs et les Chicanos. Au début des années 1940, leur tenue symbolise le refus des restrictions imposées par la guerre.
Le beau cède le pas à d'autres notions, comme le naturel. Après 1945, « les jeunes s'affranchissent des codes bourgeois, plus du tout considérés comme sexy. Les beatniks aux Etats-Unis et les existentialistes en France empruntent leurs vêtements au monde ouvrier » : un blue-jean, un simple tee-shirt en coton blanc. « Jusque-là, ce n'était pas envisageable pour des étudiants de la classe moyenne. A partir de ce moment, la beauté n'a plus de rapport avec une classe sociale, mais avec la sensualité, l'attitude, la désinvolture. »
Ces décennies d'évolutions, de contradictions, de conflits entre la mode de l'élite et celle de la rue nourrissent les créateurs d'aujourd'hui. Adeline André incarne un raffinement sobre, proche du minimalisme. Le style de Jean-Paul Lespagnard est plus exubérant. Et pourtant, ils se rejoignent : "Le beau, c'est la liberté d'être soi-même" affirme le Bruxellois. Il n'hésite pas à présenter ses collections dans une fabrique de saucisses. Il veut « montrer la beauté de la vie quotidienne ».
Ces décennies d'évolutions, de contradictions, de conflits entre la mode de l'élite et celle de la rue nourrissent les créateurs d'aujourd'hui. Adeline André incarne un raffinement sobre, proche du minimalisme. Le style de Jean-Paul Lespagnard est plus exubérant. Et pourtant, ils se rejoignent : "Le beau, c'est la liberté d'être soi-même" affirme le Bruxellois. Il n'hésite pas à présenter ses collections dans une fabrique de saucisses. Il veut « montrer la beauté de la vie quotidienne ».
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