Sur nos chemises, nos manteaux, nos pantalons, nos gants, nos robes et nos jupes, il est partout. On le fait et le défait chaque jour, machinalement, sans forcément s'en rendre compte. Il peut être en céramique, en perles, en raphia, en cuir, en corne, en fourrure, en nacre, en métal, en plastique ou en pierre.
Le bouton est rarement le centre des attentions. Toutefois, il existe depuis de nombreux siècles (il est, en effet, apparu dans le costume occidental au 13ème siècle) et cet objet, aussi pratique qu'accessoire de mode, est marqueur de la société et témoin des différentes époques qu'il traverse. Il est tour à tour produit de luxe, support d’opinion, pièce d’industrialisation et de création.
Il est mis à l'honneur depuis le 10 février et jusqu'au 19 juillet 2015, au Musée des Arts Décoratifs. Près de 3000 pièces y sont présentées, du portrait miniature de femme attribué à Fragonard à des boutons de paruriers pour la haute couture au 20ème siècle. "Derrière cet objet, il y a des artistes, des artisans, on retrouve toute l’histoire de l’art à travers le bouton", explique Loïc Allio, artiste et écrivain qui a, pendant 25 ans, écumé brocantes et salles des ventes pour constituer une collection de boutons acquise en 2012 par le Musée des Arts Décoratifs. "En plus, c’est en France qu’il y a les plus beaux boutons : 90% des boutons présentés ici sont d’origine française". Cette collection a reçu le statut d’œuvre d’intérêt patrimonial majeur des Trésors Nationaux.
L'exposition "Déboutonner la mode" est en partie financée grâce à la vente, par Mouna Ayoub, de certaines pièces de sa prestigieuse collection de mode, mise aux enchères par Maître Cornette de Saint Cyr, entre le 30 janvier et le 2 février derniers. "Il manquait des fonds, j’ai eu l’idée de faire une vente avec les plus belles tenues que je ne mets plus et qui m’encombrent un peu", explique la mécène. Cette inconditionnelle du bouton avoue : "Un modèle qui n’a pas de boutons ne m’intéresse pas! Dernièrement, j’ai choisi une robe chez Chanel qui en a trente". Son amour des boutons remonte à l’enfance, alors qu'à cinq ans elle allait piocher dans la réserve de boutons de la couturière de sa mère, pour décorer ses poupées. "Elle recevait ses boutons de Paris et je les aimais, j’aimais leur forme, leur matière, et puis le fait qu’elle les mettait sur les vêtements de ma mère. Certains brillaient, d’autres avaient des matières plus naturelles. J’aimais le bruit qu’ils faisaient", se souvient-elle.
Illustré aussi par une collection de tableaux, gravures, dessins, photographies et d’une centaine de vêtements (des créations de Paul Poiret, Elsa Schiaparelli, Christian Dior, Jean Paul Gaultier, notamment) et accessoires de mode, le bouton raconte ici son histoire, depuis son apparition, jusqu'au XXème siècle.
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