lundi 18 août 2014

LE BLING BLING, C'EST TENDANCE

Les souvenirs enfuis des années 90 sans passer par le filtre culturel. La mode des années 90 et sa dimension “antifashion”, caractérisée par l’apparition d’une génération obsédée par la déconstruction, la mode grunge, sombre, en opposition aux paillettes des années 80. 

De Yohji Yamamoto à Rei Kawakubo, d’Anne Demeulemeester à Martin Margiela, ces figures dans les deux volets “grunge” et “minimal” , qui rappellent que “le beau, c’est la crasse” : “le grunge devient glamour, c’est-à-dire ‘glunge’”. Les années 90 correspondent en mode à ce “moment de rage, de refus, de trépignation”.

Le grunge procède aussi du minimal, tendance forte dans ces années 90 où domine l’idée que tout est à reprendre à zéro et que le rien est déjà un tout. Le refus de la décoration, du frivole, le sens du détail s’imposent avec Helmut Lang et Jil Sander en prophètes du minimalisme chic. Un défilé reste comme un moment fondateur : celui de Margiela pour Hermès en 1998. Le minimalisme et la radicalité austère ne peuvent résumer à eux seuls le paysage de la mode des années 90, encore marquée par la queue de comète des années 80.

Le big bang du bling bling, et l’exagération, l’hyper-ostentatoire, les ongles en or, les broderies au kilo, le baroque bobo chargé, les robes qui coûtent mille Smic, les fourrures en pagaille se déploient sur les podiums, transformés en cash-machines et en lieux de fantasmes pour élites fortunées. Nous sommes surpris par cette résonance insistante du “bling” alors très présente, avant que les années 2000 ne le consacrent dans un système global totalement assumé par les marques de luxe.

Mais, plus intéressante que cette aspiration pour le bling bling, c’est la manière décomplexée de dépasser les limites du bon goût autorisé qui reste l’une des plus drôles imageries des années 90. “No limit”, la mode de l’époque se livra à une série de dérapages contrôlés, réfléchis, comme si le n’importe quoi et la surenchère du moche formaient la règle d’un jeu nouveau : celui du kitsch. Les vestes de costumes trop larges, les gilets multicolores, les boucs à la Big Lebowski, les tissus imprimés criards, les plumeaux sur la tête comme chez Jean Paul Gaultier, les talons de hauteur différente comme chez Jeremy Scott : la mode s’emballa dans une provocation inoffensive, portée par le désir de l’exploration.

Ce qui choque alors, ce n’est plus le sexe, mais le mauvais goût. Ce qui n’empêcha pas la mode d’être aussi très “sexy”, “perchée sur des talons très hauts”, à la (dé)mesure des Wonderbra d’Eva Herzigová, Gisèle Bündchen ou Laetitia Casta. On dézippe tout, on ouvre les boutons, on assume la transparence, on exhibe son postérieur, ses seins, son nombril, son dos, on goûte au latex… La mode ressemble à un immense strip-tease pour “oublier qu’on ne pouvait plus baiser”, en ces années traumatisées par le sida.

La mode dont les règles et les codes se sont transformés à vitesse accélérée à partir des années 90, ressemble à notre société actuelle, elle nous met en exergue un mirroir pour découvrir les cons, et cela, c'est nouveau !!! Mais, personne ne s'est aperçu du phénomène ! That's the way it is.

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