dimanche 3 août 2014

DES BRACELETS HAUT EN COULEURS !

Alors qu'il y a quelques semaines je gardais trois enfants de 5, 7 et 11 ans : "Clémence, tu nous aides à faire des bracelets Rainbow Loom ?!"… Des quoi ?! "Ben, tu sais, les bracelets avec des élastiques !". Non, je ne sais pas. Mais après avoir pris conscience de mon âge particulièrement avancé (25 ans) et quelques explications ("Tu tisses les petits élastiques multicolores pour en faire des bracelets"), me voilà spécialiste de cette nouvelle mode qu'on ne manquera pas de croiser sur les plages cet été. Car oui, ces élastiques supportent aussi bien les bains de mer que la crème solaire et soulignent à merveille notre teint hâlé.

"Rainbow" : arc-en-ciel, "loom" : métier à tisser. Il s'agit donc de tisser des arcs-en-ciel. Ce qui se confirme lorsque l'on voit le nombre de couleurs que l'on peut associer avec ces élastiques. Mais malgré ce nom américain, on doit le lancement de cette nouvelle mode à… des français ! Les initiateurs de ce nouveau dada sont les membres de la famille Laurençon, résidant à Quimper, dans le Finistère. En 2012, cette famille part vivre un an à Miami où elle découvre ce jouet (créé par un américain au début des années 1990) grâce à leur fillette qui en rapporte un exemplaire de son école. A cette époque, le phénomène n'a pas encore explosé aux Etats-Unis. Mais, selon Emmanuel Laurençon : "A chaque fois que la famille ou des amis venaient de France, les filles du même âge que ma fille s'enfermaient dans la chambre pour faire des bracelets pendant des heures". Ils pensent alors que le produit peut rencontrer un certain succès en Europe. Ils tâchent d'obtenir les droits exclusifs de commercialiser les produits Rainbow Loom en France, en Belgique et en Suisse romande.

De retour en Bretagne en 2013, les Laurençon investissent 20 000 euros pour faire venir les premiers kits (qui comportent un métier en plastique, un crochet, des fermoirs et bien sûr de mini-élastiques de différentes couleurs) de Chine. Ils démarchent les points de vente de la région, puis les grands distributeurs de jouets. Ils multiplient les salons et les démonstrations aux seins de grands magasins de jouets. Alors qu'ils pensaient que le succès de ce jeu serait progressif, sa montée en puissance s'est en réalité faite de manière exponentielle depuis que le phénomène a atteint Paris. L'entreprise Créative Imports emploie désormais six personnes, est a quitté le garage familial pour s'installer au rez-de-chaussée d'un petit immeuble au centre de Quimper.

Ce jeu, qui apprend aux enfants la patience, développe la motricité de leurs petits doigts et leur permet de laisser parler leur esprit créatif. Il est désormais numéro un des ventes de jouets dans une vingtaine de pays du monde, dont la France. Victimes de leurs succès (au 30 juin, 350 000 kits avaient été vendus en France, ainsi qu'un million de sachets de recharges), les bracelets Loom ont mené à la création de nombreuses copies et contrefaçons (mais attention, plusieurs cas d'allergies causées par le port de bracelets contrefaits ont été signalés !), et on trouve désormais, sur les marchés et les brocantes, des recharges à partir de 1 euro. Les tutoriels pour créer des modèles de plus en plus élaborés (tels que les bracelets "Double Capped Dragon Scale", "Four Leaf Clover", "Flipside Rainbow Loom", mais aussi des figurines, des coques pour téléphone portable …) se multiplient sur internet. De nouvelles couleurs d'élastiques sont commercialisées au quotidien : à paillettes, fluorescents… De nombreux points de vente sont en rupture de stock, tant la demande est conséquente et le succès est tel qu'Helen Wright, une galloise, a fabriqué une robe avec 20 000 petits anneaux de plastique, qu'elle a revendue 215 000 euros sur eBay ! Quant aux époux Laurençon, qui tablaient sur un chiffre d'affaires de 800 000 euros sur une année pleine, ils atteindront finalement plutôt les 8 ou 9 millions d'euros.

Cette mode, qui se démodera probablement à plus ou moins long terme, ne fait plus seulement fureur dans les cours de récréation. En témoigne le nombre de stars prises en photo arborant bracelets ou colliers en élastiques. Parmi eux, le pape François, Julia Roberts, et même la très élégante Kate Middleton et son mari William. Royal !

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