dimanche 17 août 2014

HISTOIRE DE MODE 'LE PUNK'

Londres, un vieux juke-box dans la boutique Sex de King's Road. C'est ici que la créatrice britannique Vivienne Westwood bricole une mode punk, qu'elle saura élever au rang de griffe, saluée par le milieu, à l'aube des années 1990

Sex. Un mot tellement incisif quarante ans plus tôt, révolutionnaire pour l'époque. C'est celui que Vivienne Westwood et Malcolm McLaren adoptent en octobre 1974 pour baptiser leur magasin. Le mot formé par des lettres de plastique rose surmonte la boutique. Elle se trouve à Londres, au 430 King's Road et toute l'histoire du punk, stylistique et musicale y est née.

Avant d'adopter le nom Sex, ils ont flirté avec d'autres appellations : Let It Rock, Too Fast To Live Too Young To Die... Ils s'étaient installés là en octobre 1971, occupant d'abord l'arrière-salle d'une boutique nommée Paradise Garage, spécialisée dans les vêtements rétro et pop. McLaren s'y retrouve à la fin de ses études après qu'un des gérants de la boutique l'a accosté un jour où il flânait aux puces de Londres. A cause de son pantalon en Lurex, matière inhabituelle pour ce début des années 1970.

Le vêtement avait été confectionné par Westwood... Malcolm et Vivienne prennent vite possession de l'ensemble de la boutique qui leur a d'emblée fait forte impression. McLaren s'en est souvenu pour le livre " England's Dreaming " écrit par le journaliste Jon Savage, témoin de l'époque et de l'épopée punk : " Ils avaient ce juke-box qui hurlait alentour et tout était noir, ils ne faisaient pas un geste et ils n'avaient pas de classe du tout. J'ai été électrisé parce que ça faisait terriblement années 1950. "
Une fois maîtres des lieux, ils y vendent vêtements récupérés, disques rares (McLaren en possédait une large collection), magazines, etc. Et passent leur temps à écouter des morceaux de rock garage sur le vieux juke-box. On y entend pas mal de groupes américains au son plutôt abrasif et électrique : The Creation, The Troggs, Count Five, The Spades mais aussi, dans ce lot de groupes sixties, un chanteur français - Johnny Hallyday, dont le morceau " Joue pas de rock'n'roll pour moi " est l'un des hymnes de la boutique.
En octobre 1974, leur magasin est rebaptisé Sex, nom qu'il gardera pendant deux ans. Le lieu est tapissé de slogans, notamment de phrases prises dans le " SCUM Manifesto ", pamphlet féministe écrit en 1967 par Valerie Solanas, qui s'est rendue célèbre pour avoir tiré en 1968 sur Andy Warhol...
A l'époque, l'Angleterre est plus que pudibonde et ceux qui vont en révolutionner la culture le font en usant pleinement de la provocation sexuelle. Dans l'art contemporain, par exemple, le collectif Coum Transmissions fait des performances très physiques et organise même une exposition à l'ICA (Institute of Contemporary Arts) : " Prostitution ". L'une des membres du groupe, Cosey Fanni Tutti, joue dans des films pornographiques et pose dans des magazines du même ordre. Ensuite, le collectif se lancera dans la musique sous le nom de Throbbing Gristle - une expression d'argot qui désigne une érection.
Westwood innove sans cesse en récupérant des vieux vêtements, des costumes des années 1950 ou 1960 pour les modifier, y apposer des slogans neufs, souvent inspirés par les manifestes venus des situationnistes français et les graffitis de Mai-68 ! L'urgence mais aussi la violence, qui émanent de ce que McLaren et Westwood créent, trouvent leur pleine expression dans le groupe qu'ils prennent sous leur aile, les Sex Pistols.
Cette mode est en prise directe avec la jeunesse de son temps. " Le punk était un mouvement de jeunesse, analyse encore Jon Savage. Le punk veut que les choses soient neuves ! Rien ne doit plus être comme avant : le punk était une grande négation des choses établies. "
En 1983, elle se sépare de McLaren. Pour beaucoup, c'est la fin du punk. Westwood continuera à créer des vêtements, devenant une star du milieu. Au printemps 2013, elle est revenue sur le devant de la scène grâce à une exposition consacrée à la mode punk par le Metropolitan Museum of Art de New York.

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