jeudi 24 avril 2014

CONSEIL A RAF SIMONS

"Je ne cherche pas,  je trouve" disait, Pablo Picasso. C’est la place du doute dans le processus de création. La notion de doute du créateur prend un sens différent selon le stade d'élaboration de l'œuvre et l'angle sous lequel on l'examine. Le doute peut-être récurrent sur sa propre capacité à créer au niveau d'exigence souhaité, le doute sur la cohérence et la pertinence du travail en cours, le doute sur la qualité de l'œuvre lorsqu'elle est achevée, le doute sur son originalité, sur son degré d'impact et sur sa capacité de diffusion.
Pour appréhender une œuvre nouvelle, chacun dispose de ses propres équations. Mais, tous sont confrontés au doute fondamental et à la fameuse angoisse de la page blanche .
Le doute du créateur commence par la tentative de se convaincre lui-même de la nécessité de l'œuvre qu'il est sur le point d’entreprendre.


L'inspiration naîtrait-elle du doute, ou d'un labeur quotidien qui nous la ferait imaginer comme un muscle devant continuellement s'entraîner sous peine de rouiller ? Probablement des deux.
La pression des groupes et des enjeux dans la couture nous fait douter en permanence, mais surtout, la régularité des collections à produire impose un rythme qui fait que seuls les grands peuvent le soutenir.
Etre inspiré,  c’est le "Spiritus" en Latin, soit «le Souffle divin». C'est aussi savoir se rendre disponible aux énergies qui nous entourent.
C'est  la confrontation entre la fragilité de son désir et la force de sa  technique, elle-même adossée à la sécurité d'un savoir, et seul Franck Sorbier à ce Talent en s'obligeant, par son travail, à aller chercher au fond de lui-même ce qu'il a de plus fort et de plus sacré. Le couturier se retrouve dans un état permanent d'introspection qui lui fait prendre de la distance avec toutes les certitudes établies.
Ces moments le fragilisent. Il navigue entre ce qu'il pressent être comme indispensable et ce qui constitue le socle de sa collection.
Chacun se souvient du célèbre sarcasme de Sarah Bernhardt, adressé à l'une de ses élèves qui lui affirmait ne jamais connaître le trac : "Rassurez-vous, cela viendra avec le talent !"

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