dimanche 15 mars 2015

NECROLOGIE DE LA MODE

Lidewij Edelkoort, fondatrice du bureau de tendance qui porte son nom et auteur d’un récent manifeste anti mode pour la décennie qui vient, est l’un des oracles de tendance les plus influents. La célèbre consultante néerlandaise de 65 ans, parisienne d'adoption, prédit la mort de la mode et de son système tels qu'on les connait aujourd'hui. "J’aime la mode et pourtant, je ne pouvais pas ne pas écrire ce texte intitulé "Anti-Fashion".

C’est un manifeste professionnel, la constatation qu’un changement radical s’opère dans la mode qui rend le fashion system actuel complètement obsolète." 

Elle développe dans son argumentaire en dix points comment "l’industrie de la mode a creusé sa tombe" et a mené à son autodestruction. Dans ces huit pages (où tout le monde en prend pour son grade), elle évoque tour à tour le disfonctionnement des écoles de stylisme censées former des designers industriels, ce qu'elles ne font pas ; les pressions économiques subies par les créateurs et qui poussent ces derniers à se diversifier avec des chaussures, des parfums et des sacs à mains, en s'attardant moins sur le vêtement ; la profusion de journalistes et blogueurs (qui n'osent plus dire de choses désagréables) motivés par la profusion de cadeaux qui leur est envoyée, le prix des vêtements qui n’est pas en adéquation avec le travail fourni pour les réaliser…

Celle qui regrette que les collections n’aient plus de substance et se ressemblent toutes a décidé de déserter les dernières fashion weeks : "Les défilés sont en train de virer dans l’absurde, dit-elle. Un show dure à peine 12 minutes, il faut ensuite 45 minutes en voiture pour se rendre au suivant et là, on doit attendre 25 minutes de plus avant que ça commence. Et, c’est ainsi dix fois de suite dans une même journée ! Les rédacteurs ont généralement le nez collé à leur portable. Personne ne regarde plus les vêtements."

Elle ne veut plus parler de "mode", un concept qui n'a plus de raison d'être aujourd'hui, mais de "vêtements", ce qui est l'essentiel. Selon elle, l’avenir est dans le partage, le retour aux ateliers, à la main qui façonne, aux métiers qui tissent, aux productions locales dont le but est de briller à l’internationale.

La mode est morte, vive le vêtement !

Clemode.

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