D'un aphorisme pince-sans-rire, Anonymode résume sa biographie : « Comme tout bon Parisien, j'ai vécu dans la Creuse jusqu'à mes 20 ans. Une grand-mère issue d'une vieille famille de notable d’Auvergne. Un humour british, vachard comme il faut, qu'il a sans doute peaufiné en marge de ses études en Suisse à Château d’Aix, puis au lycée Mayrand Grasset de Paris pour une prépa littéraire. Fils de personne nous dit-il, mais, en réalité, il ne veut pas mentionner son père avec qui il a été fâché pendant longtemps. Il intègre la prestigieuse École des Arts et Métiers après la fracture avec son père, pour enfin, dit-il, faire ce qu’il veut.
Spécialiste des marques de luxe, il nous explique les mécènes trouvent un intérêt à investir dans des expositions ou dans l'achat d'oeuvres seulement depuis la loi Aillagon de 2003. La défiscalisation est un outil utile. En terme d'image, pour des entreprises, il n'est pas inintéressant de s'associer à certains projets. Le mécénat émerge toujours d'intérêts partagés. Il existe aujourd'hui le fantasme de se dire que les forces de l'argent prennent le pouvoir dans les musées. En clair, qu'ils feraient un chèque et qu’ils n’auraient plus à obéir. En réalité, la vérité est tout autre.
Vous ne pouvez pas impliquer une marque sur un mode de communication qui pourrait lui nuire, et réciproquement. Ensuite, dans le cadre du mécénat et de sa législation, la ligne de séparation est claire : une exposition ne peut pas être une action de promotion ou une plateforme commerciale. Un mécène ou un partenaire ne doit pas avoir de droit de regard sur le contenu scientifique et intellectuel. Un musée doit intégrer une logique patrimoniale et aussi apporter un discours, pas forcément critique, mais de critique.
La culture et l'art, en particulier, sont de plus en plus appréhendés comme des outils du « soft power » (politique d'influence), pesant sur les relations diplomatiques et aidant à la création de réseau : «Le monde moderne vit avec ses armes à lui. Celles-ci sont pacifiques». Le « Radeau de la Méduse » plus fort que le Rafale ?
Pour comprendre la logique des Émirats, il faut, notamment, se rappeler la guerre du Golfe, en 1991. Avec l'invasion du Koweit par l’Iraq, ils se sont rendus compte qu'un État de la péninsule pouvait disparaître du jour au lendemain de la carte, sans que personne ne sache où le situer. Ces projets leur permettent d'exister sur une carte ». C’est la nouvelle donne géopolitique de ce monde.
Anonymode