En 1971, les robes trapèzes de Courrèges et les silhouettes futuristes de Cardin bouleversent l’élégance et le raffinement des années 1950.
Le 29 janvier 1971, quatre-vingt tenues, portées avec nonchalance par six mannequins, sèment l'agitation rue Spontini. À cette adresse Yves Saint Laurent et Pierre Bergé ont inauguré leur maison de couture dix ans plus tôt. Cette année là, Yves Saint Laurent crée en effet la polémique avec une collection haute couture printemps-été inspirée (et Saint Laurent l'assumait) de la Seconde Guerre mondiale et de l'Occupation allemande. Robes courtes, semelles compensées, épaules carrées, maquillage appuyé étaient au programme et les silhouettes qui défilaient avaient choqué les 200 invités, les critiques et les journalistes qui les jugeaient "hideuses".
Le Figaro soulignait le 31 janvier 1971 l’écart de style d’un couturier "qui a la nostalgie de cette époque... et l’excuse de ne pas l’avoir connue". Quant au créateur, il assumait ses choix et faisait face aux vives (et nombreuses) critiques, qui ne se limitaient pas aux frontières françaises : "Ce que je veux ? Choquer les gens, les forcer à réfléchir. (...) Les jeunes, eux, n’ont pas de souvenirs."
Pour Olivier Saillard, directeur du
Musée de la Mode de la Ville de Paris, la collection avec ses 80 modèles, baptisée "Libération" ou "Quarante", "fait entrer avec fracas la mode dans son histoire contemporaine. Elle provoque l’effondrement des cloisons qui séparent haute couture et prêt-à-porter, relègue les termes de l’élégance au rayon des considérations du passé. La collection 1971 est aussi une rupture dans la trajectoire d’Yves Saint Laurent. Elle est le manifeste d’un couturier qui se veut désormais arbitre des ambiguïtés".
Musée de la Mode de la Ville de Paris, la collection avec ses 80 modèles, baptisée "Libération" ou "Quarante", "fait entrer avec fracas la mode dans son histoire contemporaine. Elle provoque l’effondrement des cloisons qui séparent haute couture et prêt-à-porter, relègue les termes de l’élégance au rayon des considérations du passé. La collection 1971 est aussi une rupture dans la trajectoire d’Yves Saint Laurent. Elle est le manifeste d’un couturier qui se veut désormais arbitre des ambiguïtés".
Il s'agit de la naissance d'une mode rétro brisant le carcan de l’académisme et qui envahira ensuite la rue.
Présentée comme si nous étions dans les coulisses du défilé, cette exposition propose une scénographie très épurée (toutes les informations nécessaires sont fournies dans la reproduction du programme du défilé distribué aux spectateurs en 1971). Celle-ci nous permet de nous attarder sur les 28 modèles (dont certains iconiques, comme le manteau en renard vert et la robe à lèvres pailletées), les photographies (signées Helmut Newton, Jeanloup Sieff ou Bob Richardson), les vidéos d'archives et les articles cinglants ("Yves Saint Laurent insulte la mode", "Saint Laurent une triste occupation", "un triste souvenir de la période nazie", "carnage du bon goût", "charnier de l'élégance", "les horreurs de Saint Laurent", "Saint Laurent, vraiment hideux"…).
Sont également présentés, grandeur nature, des croquis originaux accompagnés des échantillons de tissus utilisés, et du nom du mannequin portant la tenue. Une exposition "jeu de piste" où l'on cherche à trouver quel dessin correspond à quelle tenue et à quelle photo du défilé.
Jusqu’au 19 juillet 2015, la collection du scandale (qui a été un échec commercial et a fait chuter de moitié le nombre des clientes) est à voir à la Fondation Pierre Bergé Yves Saint Laurent, dans le 16ème arrondissement.
Clemode
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